Nous avons réservé un ticket pour la capitale depuis Siem Reap dans une agence de voyage (8$, mais nous avons vu, après coup, des billets à 5$). Notre bus était à 8h30 et le trajet devait durer 6h, à 14h30 nous aurions dû arriver. Sauf qu’au Cambodge, ça ne se passe pas souvent comme prévu.
Se rendre à Phnom Penh depuis Siem Reap
La théorie : Plusieurs liaisons de bus par jour depuis Siem Reap (8$, mais nous avons vu, après coup, des billets à 5$). La durée du trajet est de 5h.
La pratique : Nous attendions notre pick up à 7h30 dans la salle de bar de l’hôtel, et à 7h45 quand nous sommes venus aux nouvelles, la jeune femme qui s’occupe de vendre les billets de bus pour le compte de l’hôtel, nous a dit que le pick up était déjà passé. Même si c’est un peu de notre faute car nous aurions du attendre devant et non dans l’hôtel, nous l’avions mauvaise car elle est passée devant nous en faisant semblant de chercher sans même nous dire que notre pick up était là. Nous avons du prendre un tuk tuk (2$) pour nous rendre à l’agence de voyage où nous avons attendu que le pick up du bus de 9h30 (on a donc raté notre bus) passe nous chercher.
Deuxième désillusion : ce n’est pas parce que le ticket est plus cher que le bus est mieux. Un bus bien pourri, accoudoir arraché et compagnie nous attendait. Nous avons passé plus de 7h dedans, il s’arrêtait partout. Mais nous sommes quand même arrivés, à l’une des agences du centre ville, vers 17h. Avant que cette journée de voyage pénible ne s’achève, il nous restait encore plus de 2km à faire à pieds avec nos gros sacs dans cette ville infernale pour rejoindre la 72eme rue où se trouvent nombre de guesthouses. Notez que dans cet univers impitoyable, nous avons rencontré un policier vraiment sympa qui, nous voyant complètement démunis pour traverser une rue, a arrêté la circulation pour que l’on puisse se faufiler. Il y a toujours un humain pour rattraper les autres …! Enfin arrivés, nous avons trouvé une chambre à un prix raisonnable et n’avons quasiment plus bougé pour la journée.
Que faire à Phnom Penh en une seule journée ?
Nous avons eu un mauvais contact avec cette ville, beaucoup trop brouillonne, fourmillante et angoissante pour nous et avons décidé d’écourter d’une journée notre séjour. Nous nous sommes ainsi concentrés sur les deux seules activités qui nous semblaient incontournables : La prison de Teul Seng (S21) et les « Killing fields ». Vous pourrez réserver un tour en tuk tuk pour les deux lieux (18$) mais nous avons préféré louer un scooter (7$ pour 24h – il faut laisser son passeport) auprès de notre hôtel (B52) qui a un partenariat avec Lucky moto.
S-21 : l’horreur humaine dans toute sa splendeur
J’appréhendais moins la visite d’S2I que des Killings Fields et pourtant … Qu’est ce qu’ S21, encore appelé Tuol Sleng ? Il s’agit de la plus grande et de la plus secrète des prisons mises en place par les Khmers rouges pour liquider les ennemis de l’ANGKAR, leur organisation. Celle-ci a été installée dans un ancien lycée. Qui étaient leurs ennemis ? Ce pouvait être n’importe qui, pourvu qu’il sache parler une langue étrangère, écrire, ou porte des lunettes. Une véritable machine à torturer et à extorquer des aveux bidons s’étaient mise en place, avec une seule issue : la mort. Sur les 12 à 20 000 détenus, on ne compte qu’une douzaine de rescapés de cet enfer.
L’exposition est brillamment organisée, et l’audioguide très complet, nous vous le recommandons vivement. Explications, témoignages, récits historiques et politiques, la période et la chronologie des faits est très bien restituée au visiteur. Mais quelle difficulté à entendre et à voir tout ça, rien ne nous est épargné, et c’est avec une douleur incommensurable que j’ai traversé ces bâtiments, n’en pouvant parfois vraiment plus de toute cette souffrance qui habite encore les murs. J’essayais d’imaginer le moins possible les souffrances, me contenter des éléments factuels, mais c’est terriblement difficile d’avoir cette distanciation. Si vous voulez comprendre ce que le peuple Cambodgien à vécu entre 1975 et 1979, cette exposition vous expliquera tout, vraiment tout.

Parcourir cette exposition fait du visiteur un détendeur de cette mémoire de l’humanité, qu’ainsi nous n’oublions pas. Maintenant, si vous êtes très sensibles, ne vous obligez pas.
Tarif : 5$ / 8$ avec audioguide (conseillé) – 1000 riels de parking moto
Les Killings fields : là où tout se termine
Comme leur nom l’indique malheureusement, les killings fields étaient l’endroit où les khmers rouges exécutaient les prisonniers d’S21 après leur avoir soutirés des aveux par la torture. Ils arrivaient de nuit, et étaient tués à la chaine. Aujourd’hui, ce lieu est un mémorial aux allées plantées d’arbres, et à l’ambiance recueillie et silencieuse. Je pensais que cette visite serait absolument insoutenable, mais je ne sais si je me suis immunisée ou si la paix qui règne ici tempère l’horreur absolue des actes passés, mais ce fut moins difficile que la prison.

Pourtant, âme sensible, sachez que vous marcherez au dessus des charniers, que vous verrez l’arbre sur lequel les soldats khmers rouges abattaient les bébés, et trouverez dans le stupa du souvenir les crânes et les os de centaines de victimes. Ce n’est pas rigolo, mais les Cambodgiens semblent vouloir ne rien cacher, que la souffrance de leurs compatriotes et de leur pays entier, encore extrêmement vivace dans la plupart des esprits, ne soit pas oubliée.
Le billet d’entrée s’accompagne d’un audioguide très bien documenté, comprenant des témoignages de survivants, et suivant un parcours précis. Un musée retrace les années khmers rouges, de leur accession au pouvoir à la fin de leur règne, chassés par les vietnamiens. Vous pourrez également visualiser un film d’une quinzaine de minutes.
Pour ma part, n’ayant rien appris de plus par rapport à la visite de S21, je sais que j’aurais pu m’en passer. Malgré tout, il y a quelque chose de prenant à se trouver là, à apercevoir des vêtements qui sortent du sol, et à penser à toutes ses âmes, parties il y a près de 40 ans. On ne sort pas de ces visites complètement indemnes. Bien sur, on reprend son scooter, son tuk tuk, le cours normal de ses activités, mais quelque chose reste au fond du cœur, une empreinte forte, une impression intense.
Tarif : 6 $ avec audioguide
Où dormir ?
Initialement nous étions partis pour dégoter une chambre au Blue Dolphin, mais les chambres qui restaient étaient trop chères. Nous avons atterrit au B52 Hostel qui se trouve également sur la 72ème, une rue très touristique où de nombreuses guesthouses ont élu domicile, tout comme de nombreux restaurants, bars (à hôtesses) et salon de massages. Chambre standard avec clim : 15$.
Les + : gentillesse du personnel et de la patronne (et son mari est policier, il n’y a qu’à sortir sa carte si on vous arrête ^^), grande chambre, eau chaude, wifi, serviette pliée en forme de cygne trop mignons.
Les – : on s’est réveillés en pleine nuit avec des bêtes suspectes (suspicion de bed bugs …) dans le lit, mais le lendemain, leur ayant dit, les draps ont été changés et la chambre nettoyée, on a plus rien vu !
Où manger ?
- B52 Hostel : Le premier soir, nous avons décidé de rester proches de notre chambre, échaudés par notre marche dans la ville. Une carte vous propose des spécialités du coin et western. Nous avons tous deux opté pour un burger végétarien. On a été très agréablement surpris (nous en avons eu pour 7,50$, soit environ 6€ à deux) . Par contre, ne prenez pas leur jus frais, ils ne le sont que parce qu’ils sortent du frigo et qu’il y a des glaçons! Le lendemain, nous avons pris un petit déjeuner végétarien (3$), au rapport qualité-prix appréciable.
C’est où ? street 172, #52-54, Phnom Penh
- The vegetarian : joli restaurant possédant une terrasse verdoyante, et une carte alléchante pour les végétariens et végétaliens. J’ai pu déguster un lok lak en version végétalienne, un délice. Même si l’on sentait que le personnel souhaitait partir (on est arrivé une demi heure avant la fermeture , qui est à 20h30 …), on a bien mangé et l’on recommande ! Nous en avons eu pour 9$ à deux (soit 7,2€ environ pour une entrée et deux plats).
C’est où ? No.158, Street 19 off Sihanouk Blvd, Phnom Penh
Phnom Penh, on y va ou pas ?
Certains vous diront que le passage dans la capitale est nécessaire, pour comprendre le Cambodge d’aujourd’hui. Si, factuellement, je reconnais la parfaite construction des expositions, je ne saurais que vous alerter sur le caractère extrêmement difficile à supporter de celles-ci. Bien sur, il y a d’autres activités réputées comme le musée national du Cambodge, que nous n’avons pas visité mais qui semble largement recommandé. Au-delà de ces expositions, la ville m’a fatiguée et angoissée, trop grande, trop bruyante, elle ne s’arrête jamais de déverser un flot brouillon de véhicules et de gens. Quelques rues plantées de verdure sauvent un peu la mise, mais c’est une ville que j’ai eu envie de fuir immédiatement. En scooter, je l’ai littéralement détestée. Clairement, s’il y avait un côté plaisant dans cette ville, je suis passée complètement à côté.
Connaissez-vous Phnom Penh ? Vous a t-elle plu ? Si oui, si non, pourquoi ?
Préparez votre voyage en vous inspirant de notre expérience : Itinéraire de voyage au Cambodge (14 jours)
Je me souviens du film S21. Je comprends que cette visite soit insoutenable. L’imagination travaille tellement… et pas étonnant que le parc t’ait semblé moins éprouvant. Les « cimetières » sont souvent apaisants. On se dit peut-être inconsciemment que les gens ont fini de souffrir.
Quant à Pnom Pehn je l’ai toujours vue bouillonnante, bruyante, poussiéreuse et agitée dans les films…
Big up au gentil policier 🙂
J’espère que vous avez vite retrouvé un petit havre de paix et de douceur.
Moi aussi je suis en vadrouille. Je suis à Beaune 🙂
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Tiens je n’ai pas vu ce film, je me le note … Pendant la visite j’ai vraiment tenté de ne pas imaginer, mais l’exposition ne cache rien de toute façon. Je regardais les gens après, ceux susceptibles d’avoir vécu ces horreurs … Mais la vie poursuit toujours son cours, toujours plus forte que tout.
Pnomh Penh est tout sauf un havre de paix, mais on l’a trouvé plus tard à Kampot, au sud du Cambodge 🙂
Beaune c’est magnifique. As tu visité les hospices ? Notre France est superbe, je m’en rends bizzarement compte en voyageant et j’ai envie de la découvrir en rentrant !
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Je trouve ton récit sur les deux visites que tu as faites (la prison et killings field) très intéressant. C’est certainement une visite très chargée en émotion, et en même temps je me dis que c’est le moins que l’on puisse faire pour rendre en quelque sorte hommage à toutes ces victimes.
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Je te confirme que lorsque l’on sort, on se sent effectivement gardien d’une certaine mémoire de l’humanité, mais qu’est ce que c’est dur … Dans tous les cas, les expositions sont bien faites et très (trop?) claires. Belle journée Emma !
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Eprouvant film.
Oui la France recèle aussi des merveilles.
Depuis 10 ans que je viens au Festival je nai jamais pris le temps de visiter les hospices. Peut-être aujourd’hui. Il fait si beau.
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Je te les recommande ! Tu es au festival du film policier !! Je suis larguée question ciné, mais je préfère ne rien suivre pour ne pas me faire envie. Je me rattraperai au retour 🙂
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Que c’est dur de visiter un pays chargé d’une histoire aussi lourde. Quand Arthur m’avait parlé de votre intention d’y aller, je lui avais dit non, c’est l’horreur, tu vas visite tous les endroits où ils torturaient et surtout ils vont vous montrer les arbres où ils massacraient les bébés. Je ne suis jamais allée au Cambodge mais je connais assez bien la période Kmers Rouges et les massacres qu’ils ont faits (le cas des bébés est assez connu). Mais finalement vous avez bien fait, c’est comme cela que l’on s’imprègne le mieux d’un pays que l’on visite.
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Efectivement Nadia, tu avais raison, c’est l’horreur, c’est très dur voir insoutenable, on se demande pourquoi on y va. Et puis finalement, on en sort en se sentant témoin de l’Histoire, on a appris quelque chose et surtout, on ne plus dire qu’on ne savait pas. Ma mère m’avait parlé des arbres pour les bébés, mais c’est autre chose de le voir en vrai. C’est surement nécessaire d’y aller, mais il faut avoir une démarche de respect, et non de vilaine curiosité. Beaucoup de respect pour les victimes, vivantes ou décédées. Gros bisous Nadia !
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Insoutenable… J’ai eu des cauchemars pendant des jours et des jours après la visite de Buchenwald, j’imagine sans peine l’effet que les Killing fields auraient sur moi 😦 Ce que l’homme est capable de faire à son prochain me glace d’horreur… Merci pour ce reportage.
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Je n’ai jamais visité un camp de concentration. Mais j’étais en larme à la sortie du musée Yed Vashem. J’appréhendais beaucoup ces visites, et j’ai eu envie de me débiner tellement c’était dur … je suis comme toi, je n’arrive pas à imaginer comment faire du mal à d’autres êtres humains est possible … je n’y arrive pas. Merci beaucoup pour ton message ! 🙂
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