Nous sommes vendredi 20 mars. C’est le premier jour de printemps. Dimanche nous devions partir en Sicile, mais la vie a tourné autrement. Nous sommes à la maison, nous travaillons un peu, enfin, surtout Monsieur. Moi, j’ai du mal à écrire. A rassembler mes idées. A trouver les sujets. Nous sommes le premier jour du printemps, la nature est en train de renaître, les oiseaux chantent plus fort, la vie continue.
Cette semaine, les nouvelles ne sont pas très bonnes. Les soignants sont à bout de nerfs. Les Parisiens sont partis en vacances à l’île de Ré et en Normandie comme si nous étions un 15 août. Ils n’ont pas encore compris ce que le mot confinement veut dire. Ici à Paris, on fait encore des promenades, parce que la case 5 de notre attestation semble nous le permettre. Du coup, la colère gronde. Il n’y a pas de masque pour les médecins, les infirmières envoient des vidéos de désespoir nous appelant à rester chez nous. Alors nous, on les applaudit depuis les balcons. Mais on a besoin de sortir, alors on se découvre une passion pour le jogging.
C’est une pandémie. Il y en a déjà eu. La grippe Espagnole en 1920. La grippe Asiatique en 1957-1958. Elles ont fait des millions de morts à travers le monde. Ce n’est pas une première fois. Pour autant, cette-fois nous la vivons tous à l’échelle planétaire avec informations en temps réel. Même si le gouvernement n’est pas clair, s’il semble disposé à protéger sa sacro-sainte économie en priorité, nous savons. Nous ne pouvons pas ignorer. Nous avons eu les cris de désespoir des Italiens. Et maintenant ce sont ceux de nos soignants. En ce premier jour de printemps, un vendredi, je serais sans doute sortie au restaurant ce soir. Peut être une ballade avant ou après. Bientôt ce sera l’heure des pique-niques.
Mais nous avons tous une responsabilité, un rôle à jouer Nous sommes tous liés les uns aux autres, et nous sommes tous un élément de cette biodiversité. Nous avons la capacité de faire des choix en conscience, de choisir entre notre liberté personnelle ou le bien commun. En ce premier jour de printemps, jour 4 du confinement obligatoire, j’ai envie de vous dire de regarder en vous. Soyez le changement que vous voulez voir sur la Terre.
Personnellement je viens de découvrir que je pouvais faire du sport dans ma cuisine sans gêner ma voisine parce qu’il y a du carrelage, et j’ai été très heureuse de cette découverte. Je m’apaise progressivement et j’apprends à aimer l’espace de mon appartement sans balcon ni terrasse. J’apprends même à ne plus jalouser ceux qui ont un jardin. Parce que c’est la somme de mes choix qui m’a conduite à ce moment présent. Je ne peux pas changer les conditions extérieures. Alors je choisis de modifier ma perception des choses, plutôt que de tenter de changer les choses, sur lesquelles je n’ai de toute façon aucune prise.
Dites-moi. Comment allez-vous ? Si vous avez besoin de parler, faites-le. Racontons-nous des histoires positives. Concentrons notre attention ensemble sur les petits moments de bonheur, même dans cette situation très difficile.
Gardons le cap.
Restons chez nous.